Bleu égyptien

Poudre de bleu égyptien.

Le bleu égyptien (PB 31) est un pigment bleu synthétique, utilisé par les anciens Égyptiens, notamment sur les sarcophages, sculptures, papyrus, peintures murales à partir de la IVe dynastie, aussi connu sous le nom de fritte de bleu égyptien et désigné à l'époque de « lapis-lazuli », en référence à la couleur bleue de la pierre.

Il était produit à partir de « verre » (cuisson avec un fondant d'un minerai de cuivre[1], sables siliceux, roches calcaires) coloré écrasé en fine poudre. Il est considéré comme le premier pigment synthétique[2],[3],[4]. Les cristaux obtenus, d'une taille d'au plus 2 mm de long par 0,5 mm d'épaisseur, ont la particularité d'être biréfringents. La teinte obtenue varie selon la température de fonte et surtout selon les impuretés qui affectent les minéraux utilisés dans la préparation (PRV).

Matière abondante, il était plus clair que le bleu de l'époque obtenu à partir du minerai d'azurite égyptien et plus résistant à la lumière que le lapis-lazuli importé[5].

Vitruve mentionne ce bleu connu des Romains sous le nom de cœruleum, mais aussi de « bleu d'Alexandrie », « bleu vestorien », « bleu de Pouzzoles », dans son De architectura. La recette de sa fabrication se perd vers le IVe siècle[6].

Il servait pour peindre les ciels et autres parties bleues. Au IIe siècle, les artistes des portraits du Fayoum l'utilisèrent sous les couleurs principales, pour les moduler et accentuer les contours. Cette technique découverte en 2015 en étudiant des portraits a surpris les experts modernes. Le brillant du pigment a pu contribuer à la préférence des artistes pour ce pigment, plutôt que les oxydes de fer et terre d'ombre plus fréquemment utilisés pour cet usage[7].

Notes et références

  1. Silicate de calcium cuivre CaCuSi4O10 ou CaO·CuO·4SiO2.
  2. PRV.
  3. Sandrine Pagès-Camagna, « Les secrets des pigments bleu et vert égyptiens », sur CNRS, .
  4. Philip Ball (trad. Jacques Bonnet), Histoire vivante des couleurs : 5000 ans de peinture racontée par les pigments [« Bright Earth: The Invention of Colour »], Paris, Hazan, , p. 82-83.
  5. Hélène Dionne, Infiniment bleu, Les Editions Fides, (lire en ligne), p. 36.
  6. W.Y. Chase, « Egyptian blue as a pigment and ceramic material ». dans : R. Brill (ed.) Science and Archaeology. Cambridge, Mass: MIT Press, 1971, (ISBN 0-262-02061-0).
  7. (en) Rare Use of Blue Pigment Found in Ancient Mummy Portraits, par Megan Fellmann, 26 août 2015, Northwestern University, Chicago, États-Unis.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 1, Puteaux, EREC, , p. 380-381
  • François Delamare, Bleus en poudres. de l'art à l'industrie : 5000 ans d'innovations, Presses des Mines, , 422 p. (lire en ligne)
  • W. Noll, « Mineralogy and technology of the painted ceramics of ancient Egypt », dans : M.J. Huges (ed.) Scientific studies in ancient ceramics, Occasional paper 19, London, British Museum, 1981, (ISBN 0-86159-018-X).
  • Th. Rehren, E.B. Pusch, A. Herold, « Glass coloring works within a copper-centered industrial complex in Late Bronze Age Egypt », dans : McCray, P (ed), The prehistory and history of glassmaking technology, Ceramics and Civilization 8, Westerville, OH: American Ceramic Society, 1998, (ISBN 1-57498-041-6)
  • J. Riederer, « Egyptian Blue », dans : E.W. Fitzhugh, (ed.), Artists’ pigments 3: 23-45. Oxford University Press, 1997, (ISBN 0-89468-256-3)
  • M.S. Tite, « Egyptian blue, faience and related materials: technological investigations », dans : R.E. Jones & H.W. Catling (eds.), Science in Archaeology : proceedings of a meeting held at the British School at Athens, January 1985, London, Leopard's Head, 1985, (ISBN 0-904887-02-2).
  • H.G. Wiedemann, G. Bayer, A. Reller, « Egyptian blue and Chinese blue. Production technologies and applications of two historically important blue pigments », dans : S. Colinart & M. Menu (eds.), La couleur dans la peinture et l'émaillage de l’Égypte Ancienne, Scienze e materiali del patrimonio culturale 4. Bari: Edipuglia, 1998, (ISBN 88-7228-201-2).
  • Marco Nicola, Maurizio Aceto, Vincenzo Gheroldi, [et al.], « Egyptian blue in the Castelseprio mural painting cycle. Imaging and evidence of a non-traditional manufacture », dans : Journal of Archaeological Science: Reports, June 2018, vol. 19, p. 465-475.

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