Djaafar Khemdoudi

Djaafar Khemdoudi
Djaafar Khemdoudi à Neuengamme
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Sour El Ghozlane (Algérie)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 93 ans)
7e arrondissement de Lyon (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
RésistantVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Organisation
Armée secrète (France)
Religion
Islam sunnite
Grade militaire
sous-lieutenant

modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

Djaafar Khemdoudi (en arabe : جَعْفَر خَمْدُودِي) ou Jean Djaafar Khemdoudi, né le à Aumale (aujourd'hui Sour El Ghozlane dans la wilaya de Bouira) et mort le à Lyon, est un résistant français d'origine algérienne de la Seconde Guerre mondiale.

Par son action, il sauve de nombreux réfractaires au STO ainsi que des Juifs de Saint-Fons et Vénissieux.

Déporté au camp de concentration de Neuengamme, à celui de Malchow et enfin à Ravensbrück, il parvient à survivre et à rentrer en France.

Djaafar Khemdoudi s'éteint en 2011 à Lyon.

Biographie

Naissance et jeunesse

Il naît à Sour El-Ghozlane le [1]. Les Khemdoudi sont une famille de la ville, où ils possèdent quelques terres[2] ; l'un d'entre eux, Louakal ben Laggoun Khemdoudi est brigadier dans le 1er régiment de spahis algériens pendant dix-sept ans[3], où il cumule 10 campagnes et reçoit la médaille militaire en 1930[4],[5] avant d'être pensionné comme ancien combattant[6].

En 1931, il est diplômé de l'« École indigène »[7],[8], un type d'écoles coloniales françaises enseignant la langue française et les rudiments de l'éducation française à certains indigènes en Algérie française[9],[10] et en Nouvelle-Calédonie[11].

Son père est tailleur. À ses 17 ans, en 1934, il quitte le domicile familial après une dispute avec son père[12] pour se rendre à Marseille, puis en Moselle, où il trouve un emploi. En 1936, il publie dans L'Écho d'Alger une déclaration en soutien à Jacques Duroux, sénateur socialiste de l'Algérie et propriétaire du journal, qui s'était engagé à soutenir la représentation des indigènes algériens au Parlement[13], il le remercie de ses efforts pour les « musulmans français »[14].

Après une affaire personnelle, il quitte la Moselle pour se rendre à Lyon[12]. Il s'installe au 133 rue Bugeaud, dans le 6e arrondissement de Lyon[15].

Engagement dans la Résistance et déportation

Mobilisé en 1939 à l'âge de 22 ans, il dirige un bataillon de soldats maghrébins grâce à sa maîtrise de la langue française[12].

Après la capitulation de la France, il rejoint la Résistance le [16],[17].

Il est poussé à rejoindre le Service de travail obligatoire allemand en qualité d'interprète par l'Armée Secrète[15], ce qu'il fait avec zèle[15],[18].

Là, il délivre des faux certificats[19] pour les réfractaires ; il aide des Juifs à préparer leur évasion[20] et leur clandestinité et alerte les autres résistants qu'il sait surveillés[12],[21]. Dans ce cadre là, il est en contact avec Georges Durand, surnommé « Doris » ou « Dubreuil », l'un des responsables de Combat et des maquis du Grésivaudan[22], déporté plus tard à Buchenwald, qui cache notamment les jeunes réfractaires dans des fermes[23].

Témoignage de Georges Durand, alias Doris.

Par ailleurs, il vient en aide aux enfants juifs de Saint-Fons et Vénissieux[21]. Il est probable qu'il se soit coordonné avec Bel Hadj El Maafi, l'un des responsables de la résistance algérienne de Lyon, aussi connu pour être intervenu à Saint-Fons en faveur de la communauté juive[24].

Dénoncé, il est arrêté le [12] à Lyon. Lors de son arrestation, son commerce lyonnais est pillé[15].

Il est incarcéré à la prison Montluc[12],[21],[24] avant d'être déporté au camp de Neuengamme le [1].

Face à l'avancée des troupes soviétiques, il est déplacé au camp de Malchow puis à Ravensbrück, où l'armée soviétique le libère finalement[12].

Vie après la guerre et mort

Il revient en France le [25] mais son passage dans les camps de concentration le rend invalide à 100 pour cent[26]. Il refuse de prendre la parole sur son passage dans la Résistance, préférant conserver cela pour lui sans en parler[20].

Certificat d'appartenance à la Résistance par Pierre Marche-Lacour

Après la guerre, Djaafar Khemdoudi voit son œuvre dans la Résistance être reconnue par les autorités françaises ; ainsi, Georges Durand, surnommé « Doris » dans la Résistance[27], témoigne le qu'il a été infiltré auprès des autorités allemandes sous ordres de la Résistance, que son commerce a été pillé lors de son arrestation, qu'il a obtenu le grade de sous-lieutenant pour ses actions et que « grâce à son incessante activité et son grand patriotisme, un très grand nombre de travailleurs ont été sauvés par l'Armée secrète »[15].

Témoignage de l'imam Bel Hadj El Maafi

Lors d'une lettre au gouverneur militaire de Lyon, Bel Hadj El Maafi, déclare qu'il[28],[18]:

« a empêché le départ en Allemagne d’un très grand nombre de personnes “nord-africaines”, “européennes” et “israélites" sur ma recommandation et chaque fois que je suis allé le voir, pour n'importe quoi, Monsieur Khemdoudi m'a toujours été dévoué ainsi qu'à tous ses compatriotes. »

Le , le capitaine Pierre Marche-Lacour, résistant, certifie qu'il a bien participé à la Résistance, et qu'il a été déporté pour son activité[17]. Enfin, le , il reçoit son certificat de résistant de la part du lieutenant-colonel Jacques Le Belin de Dionne, résistant[16]. Il est homologué résistant avec la côte GR 16 P 319554[29]. Djaafar Khemdoudi reçoit la Légion d'Honneur, dont il est officier ainsi que la médaille militaire et la médaille de la Résistance[21].

Il meurt à Lyon[30] le [1],[31].

Postérité

Comme d'autres résistants, principalement d'origine étrangère, il est oublié après la guerre[32]. L'auteur Kamel Mouellef contribue à la mémoire de Djaafar Khemdoudi en publiant des ouvrages à son sujet[21],[25]. Une plaque en son honneur est apposée dans son ancienne cellule, dans la prison Montluc[20], mais cela provoque une polémique au sein de l'Association des Résistants de Montluc (ARM), pour qui ses origines algériennes posent problème[33].

En , il figure dans l'exposition « Ces résistants oubliés » à Saint-Chamond[34],[35]. Les Archives Arolsen, spécialisées dans les persécutions nazies et la Shoah, confirment qu'il a sauvé de nombreux Juifs et réfractaires au STO[19],[20].

Décorations

Notes et références

  1. a b et c « KHEMDOUDI DJAAFAR », sur Neuengamme (consulté le ).
  2. Algérie (Période coloniale) Auteur du texte, « Journal officiel de l'Algérie », sur Gallica, (consulté le ).
  3. « Visionneuse - Mémoire des Hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  4. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le ).
  5. « Médaille militaire », La France militaire,‎ , p. 2 (lire en ligne Accès payant)
  6. « Alger républicain / directeur Pascal Pia », sur Gallica, (consulté le ).
  7. « L'Echo d'Alger : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le ).
  8. « La Dépêche algérienne : journal politique quotidien », sur Gallica, (consulté le ).
  9. Claude Bisquerra, « Les « écoles indigènes » en Algérie à la fin du XIXe siècle : l’expérience de maîtres français et indigènes dans le sud-est algérien au cours des années 1895-1897 », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, no 27,‎ (ISSN 0992-7654, DOI 10.4000/dhfles.2613, lire en ligne, consulté le )
  10. Histoire coloniale et postcoloniale, « L’enseignement primaire en Algérie coloniale », sur histoirecoloniale.net, (consulté le ).
  11. Raoul Lucas, « Salaün Marie. L’école indigène. Nouvelle-Calédonie, 1885-1945 », Revue française de pédagogie. Recherches en éducation, no 161,‎ , p. 140–142 (ISSN 0556-7807, DOI 10.4000/rfp.895, lire en ligne, consulté le )
  12. a b c d e f et g Mémorial de Montluc, « Djaafar Khemdoudi », sur memorial-montluc.fr.
  13. Charles Robert Ageron, Histoire de l'Algérie contemporaine (1830-1994), Presses Universit. de France, coll. « Que sais-je? », (ISBN 978-2-13-042159-7)
  14. « L'Écho d'Alger : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le ).
  15. a b c d et e (en) J. Khemdoudi, Certificate of membership in the resistance of Djaafar Khemdoudi, (lire en ligne)
  16. a et b (en) J. Khemdoudi, Certificate of membership in the resistance of Djaafar Khemdoudi, (lire en ligne)
  17. a et b (en) J. Khemdoudi, Certificate of membership in the resistance of Djaafar Khemdoudi, (lire en ligne)
  18. a et b « Fichier:Témoignage Bel Hadj El Maafi.png — Wikipédia », sur commons.wikimedia.org, (consulté le ).
  19. a et b Kamila Kolakowski, « Héros oubliés », sur Arolsen Archives, (consulté le ).
  20. a b c et d (en-GB) Kamila Kolakowski, « Forgotten heroes », sur Arolsen Archives, (consulté le ).
  21. a b c d et e « Vaulx-en-Velin. Djaafar Khemdoudi, héros de la Résistance française », sur leprogres.fr (consulté le ).
  22. Julien Guillon, « Dessiner le territoire de la Résistance : Essai sur la dissidence en Isère (1934-1944) », Université Jean Monnet - Saint-Étienne, Université Jean Monnet - Saint-Étienne,‎ , p. 209 (lire en ligne, consulté le )
  23. « m_chappays », sur sf.38340.free.fr (consulté le ).
  24. a et b Marc André, Une prison pour mémoire Montluc, de 1944 à nos jours., (ISBN 979-10-362-0575-0 et 979-10-362-0573-6, OCLC 1366495180, lire en ligne)
  25. a et b Olivier Jouvray, Batist et Kamel Mouellef, Résistants oubliés, Glénat, dl 2015 (ISBN 978-2-344-00764-8 et 2-344-00764-4, OCLC 919029704, lire en ligne)
  26. La rédaction de Mondafrique, « Ces héros maghrébins oubliés (volet 2), les secrètes filières d’évasion algériennes », sur Mondafrique, (consulté le ).
  27. « Villard-Bonnot. Georges Durand, ce héros de la Résistance si discret », sur ledauphine.com (consulté le ).
  28. Marc André, « Commémorer et réprimer », dans Une prison pour mémoire : Montluc, de 1944 à nos jours, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », (ISBN 979-10-362-0575-0, lire en ligne), p. 31–82
  29. Liste des résistants avec leur côte par le Service historique de la Défense : https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/2020-01/GR16P_A_Z.pdf
  30. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  31. Coret Genealogie, « Décès Djaafar Khemdoudi le 26 juillet 2011 à Lyon 7e Arrondissement, Rhône, Auvergne-Rhône-Alpes (France) », sur Archives Ouvertes (consulté le ).
  32. (en) Nina Wardleworth, « Reflections on ‘Identifying North Africans in the French Resistance’ at end of first year of Laidlaw research and leadership Scholarship. », sur frenchempireww2, (consulté le ).
  33. Marc André, « Un patrimoine palimpseste », dans Une prison pour mémoire : Montluc, de 1944 à nos jours, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », (ISBN 979-10-362-0575-0, lire en ligne), p. 461–498
  34. « Ces résistant(e)s oublié(e)s à Saint-Chamond », sur agenda-des-sorties.com (consulté le ).
  35. « « Ces Résistants oubliés » : une exposition à voir absolument à Saint-Chamond, du 4 mars au 3 avril ! », sur Oumma, (consulté le ).

Articles connexes

v · m
Cadre juridique
Rafles
Camps
Assassinats et déportation
Responsables allemands de la mise en œuvre
Responsables français de la mise en œuvre
Spoliation
 v · m Victimes notables
Victimes notables
A – B
C – F
G – J
K – L
M – R
S – Z
 v · m Survivants notables
Survivants notables
A – B
C – E
F – H
I – K
L
M – O
P – R
S
T – Z
Documentation
Lieux de mémoire
Justes parmi les nations
  • icône décorative Portail de la France
  • icône décorative Portail de la Résistance française
  • icône décorative Portail de la métropole de Lyon
  • icône décorative Portail de la Shoah
  • icône décorative Portail de l’Algérie
  • icône décorative Portail de l’Hérault